Le mot vient de carne levare : ôter la viande.
C'est la période où on enlève, on cesse de manger de la viande (Carême). En allemand le mot est "Fashing" qui vient de Faseln :Croître.
En réalité le carnaval contient deux aspects fondamentaux :
1. C'est la fête annonciatrice du printemps : l'hiver est brûlé symboliquement;
2. C'est une fête exutoire : on se libère du collectif refoulé. En allemand on utilise l'expression sich ausleben (se vivre dehors).
Les premiers rites du carnaval représentent un simulacre de combat, L’hiver, le passé contre le printemps, le futur.
L'hiver était souvent représenté par un mannequin qui était brûlé. Ensuite avait lieu la « réception du printemps » qui était symbolisée soit par un autre mannequin, soit par une joliefille. La messagère du printemps.
Cette messagère correspond au thème de la fiancée du soleil qui attend tout l'hiver son héros (tradition indo-européenne).
Ce héros solaire arrive auprès de sa fiancée, après avoir franchi des obstacles, et la réveille d'un long sommeil (comme la nature est réveillée après le long sommeil de l'hiver). C'est le thème de la Belle au Bois dormant.
Le sens a ensuite glissé : on ne brûlait plus l'hiver, mais le carnaval lui-même. Cette exécution n'annonce plus le printemps mais le carême. On est passé de l'idée de bannissement de la mort à celle de bannissement de la vie : fais provision de bombance, car bientôt c'est fini de rire !
Les masques et les déguisements représentent le souvenir de cette grande mascarade qui représentait le bannissement de l'hiver. Il s'agit en même temps d'une dérision systématique de l'ordre social. Ce n'est cependant pas le désordre social, mais un exutoire qui permet de rendre l'ordre social plus supportable, de se libérer des tensions.